Pluie, neige, glace, « bouette », trous… les conditions routières des derniers temps ont de quoi me rendre folle. Grande anxieuse que je suis, j’ai toujours été craintive au volant l’hiver. Disons que je ne m’obstine pas quand quelqu’un propose de conduire à ma place ! Reste que la plupart des jours, je dois me résoudre à m’asseoir derrière le volant de ma rutilante Ford Fiesta et prendre la route, comme des milliers d’autres personnes. Certaines sont aussi stressées que moi, d’autres encore plus et certaines pas peureuses du tout, voire carrément dangereuses.

Cela dit, je déteste beaucoup moins conduire l’hiver depuis que je pratique le yoga au volant. Oui, oui, vous avez bien lu, je pratique le yoga au volant ! N’allez cependant pas croire que je fais le grand écart en conduisant (ni jamais, d’ailleurs). Bien qu’il m’arrive de laisser sortir un long “Ommmmm” pour me calmer le pompon au lieu de me défouler sur le klaxon, ma pratique de yoga au volant tourne plutôt autour de la pleine conscience et de la bienveillance.

La pleine conscience est une forme de méditation simple, accessible à tous et praticable en toutes circonstances. En gros, la pleine conscience consiste à observer ce qui est ; une invitation à être pleinement présent à nos sensations physiques, à nos pensées, à nos émotions, que celles-ci nous semblent agréables ou inconfortables. Par exemple, je peux remarquer mes épaules remontées et mes mains crispées sur le volant, la tension que je retiens dans le bas de mon dos, la qualité de ma respiration ou encore la douce chaleur de mon siège chauffant (j’ai cette chance !). Je peux sentir l’odeur du café qui refroidit dans le porte-gobelet, entendre la neige qui crisse sous mes pneus, voir l’environnement dans lequel je circule : les couleurs, les formes, les textures. L’exercice est de tenter de prendre conscience de toutes ces choses sans leur apposer d’étiquette de bonne ou mauvaise ; simplement être avec ce qui est.

La bienveillance, elle, invite à la douceur. La bienveillance signifie littéralement “vouloir du bien”, à soi et aux autres. Pour la plupart des gens, il est plus facile de commencer par soi-même. Lorsque je remarque que mes épaules ou mon dos sont tendus, je peux les relâcher avec l’expiration. Quand je prends conscience que c’est moi qui vis les conséquences de ma réaction aux conditions routières, que c’est moi qui me tends, qui serre les dents et qui respire vite, je me dis que je mérite d’être bien et je me détends. De la même façon, si un autre automobiliste fait une manœuvre douteuse et que cela génère de la colère en moi, je peux nommer le mot “colère” dans ma tête à l’inspir, et puis “douceur” à l’expir. Éventuellement, si je m’en sens capable, je peux diriger ma bienveillance envers cette personne qui a coupé ma route, en réalisant qu’elle aussi, au fond, mérite d’être bien. Je ne la connais pas, je ne sais rien de son histoire ; si ça se trouve, elle est aussi inconfortable que moi dans la situation. Alors j’inspire profondément et j’expire… la bienveillance.

Bonne conduite !

Chronique initialement parue dans le Journal le Courrier du 26 février 2019

par Audrey-Anne Trudel